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De 2005 à 2023, un père et un fils parlent des émeutes !

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De 2005 à 2023, un père et un fils parlent des émeutes ! Il y a des choses qui ne changeront jamais. Ladj Ly a choisi Montfermeil pour en faire le théâtre de sa tragédie des temps modernes. Un siècle plus tôt, Montfermeil était déjà l’antre du roman de Victor HugoLes misérables. En 1995, Mathieu Kassovitz met en scène des émeutes urbaines en cité qui font suite à une bavure policière. Après “Le thé au harem d’Archimède“, c’est l’un des premiers films qui vient mettre un visage sur ce que les français appellent “les quartiers“. “Les Misérables” et tant d’autres films sont venus lui répondre en écho. Le schéma est toujours le même, injustice, bavure et émeute.

Le quotidien Libération a réuni un père et son fils au détour d’une conversation sur les testaments trahis. Le père a participé aux émeutes de 2005 après la mort de Zyed et Bouna, le fils à celle de 2023. Libération met en lumière le visage de la plupart des émeutiers. Il n’y a ni racailles devant eux, ni truands, ni gangsters, ce sont deux hommes de deux générations différentes qui ont été poussés à la rue par la force de l’injustice. Le père raconte : “Nous sommes des gens normaux qui se sentent concernés par la folie policière. Dans ce genre de situation, tout le monde peut rapidement vriller, même les plus gentils. Le passage à l’acte, ce n’est pas un truc qui se prévoit. Comment voulez-vous que certains parents ne se retrouvent pas dépassés ?

Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux“, Étienne de La Boétie

Deux générations qui témoignent de l’échec la politique de la ville !

Le père regarde son fils au matin des émeutes qui ont secoué la France. Le fils le regarde l’air hagard et déclare non sans mal : “J’étais avec eux mais je n’ai rien fait.“. Le père se souvient alors de l’année 2005. Zyed et Bouna, deux enfants, avaient perdu la vie après une course poursuite contre la Police. La mort des deux jeunes dont les quartiers n’ont toujours pas fait le deuil ont entraîné des mois entiers de violences urbaines.

Le père était aux côtés des émeutiers, lui qui vit à la Courneuve, quand le drame s’est produit. Il raconte au journal Libération : “Je rentrais chez moi. Il y avait du bruit, des gyrophares et de la fumée partout. Je me suis rapproché et je ne sais pas comment l’expliquer, j’ai pris des pierres, des bouts de bois qui traînaient et je les ai jetés en direction de la police. Ce n’était pas comme aujourd’hui, des pillages. Nous, on avait vraiment la rage.”

A-t-il connu des humiliations par la Police, il laisse entendre que : “Je n’étais même pas au téléphone et j’avais la ceinture. Il le savait. J’ai refusé de signer l’amende. J’ai crié, je l’ai insulté et il se marrait avec son collègue. J’étais impuissant et seul. Une fois à la maison, j’étais en larmes tellement j’avais la rage. Les contrôles de police, les provocations, les insultes… tout ça je connaissais mais je n’avais jamais vécu un truc comme ça.

En 2005, les émeutes n’ont rien changé ni à l’issue de l’affaire ni à la politique des quartiers. La plus grande preuve est l’apparition de ces nouvelles émeutes il y a quelques jours. Alors le père tente de donner une leçon à son fils : “Je te jure, ça ne sert à rien. De caillasser, de s’embrouiller avec eux, de brûler. Tu perds à chaque fois“, poursuit le père, bavard. “Je peux comprendre la rage et je n’ai pas de solution magique, mais tu ne gagnes jamais. Je ne regrette pas d’avoir caillassé en 2005, j’assume, mais j’ai compris ensuite que plus jamais je ne recommencerais. Qui a gagné quoi après cet épisode ?

Que penses-t-il de la participation de son fils aux émeutes ? Il laisse entendre que : “Je ne suis pas du genre à crier et mon épouse non plus. Plus jeune, j’ai vu des darons tabasser leurs mômes, vraiment forts avec de gros bouts de bois ou des fils électriques. Ça les a rendus encore plus barges. Je lui ai simplement dit que c’était dangereux. Même lorsqu’on pense ne rien faire, on est dans le mauvais lorsqu’on traîne avec ceux qui allument des feux. Les policiers ne vont pas s’amuser à trier et pareil pour les projectiles. Depuis, il ne sort plus la nuit. Il le fera de nouveau quand la situation sera calme.

Derrière ces deux témoins se cachent l’échec des français. Pour reprendre les vers d’une rappeuse qui n’est chanteuse à ce jour : “Si c’était mon dernier coup de gueule, j’accuserais la France / Elle qui paiera sa répression quand elle perdra ses enfants“. D’autres auteurs du XIX avait “accusé” la France dans d’autres circonstances.

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